Autopsions les projets Dayan (Partie 2) - Vive l'été !

Autopsions les projets Dayan (Partie 2) - Vive l'été !

Annoncé en grandes pompes en 2017, le projet de championnat de France des régions de rugby à 13 porté par Luc Dayan ne verra pas le jour. Ce fut exprimé récemment, dans le magazine Planète XIII, après de nombreux mois d’un silence n’augurant rien de bon. Face à ce constat d’échec, après avoir fait l’inventaire de tous les projets Dayan, tentons d’en extraire les idées que l’on pourrait appliquer pour améliorer les compétitions françaises de rugby à 13. Commençons par le doux parfum de l’été…

Les articles de la série :

Avantages…

Dans le deuxième projet Super XIII, il fut question d’un championnat des régions qui se disputerait l’été. Cette période creuse en termes de sports collectifs possède en effet quelques attraits indéniables pour les compétitions sportives qui voudraient se démarquer.

En 1996, les compétitions anglaises ont fait leur révolution en décalant leur saison. Celle-ci se déroule désormais de février à octobre. Et cela a plein d’avantages. Tout d’abord, la météo est plus favorable. En évitant une grande partie de l’hiver, on offre un gros plus en matière de confort au public. On peut aussi s’attendre à un spectacle de plus grande qualité, car les joueurs évolueront dans des conditions moins difficiles.

Autre avantage : on se démarque du rugby à 15 en décalant les temps forts (ouverture de la saison, finale). On diminue ainsi le risque de confusion (par exemple, si deux finales étaient jouées le même week-end). Étant donné la gémellité des deux sports, ce n’est pas un luxe. En outre, les amoureux des deux codes font face à moins de dilemmes télévisuels et peuvent vivre leurs passions tout au long de l’année.

Médiatiquement, il y a des places à prendre l’été. Malgré les vacances et les compétitions internationales majeures (Coupe du Monde ou Euro de football, JO, Tour de France), les sports collectifs font relâche, y compris les plus suivis (Coucou la Ligue 1 ! Coucou le Top 14 !). Il y aurait donc plus d’opportunité de mettre en lumière le rugby à 13.

Attention, n’allez pas croire que le 20h de TF1 ferait son ouverture sur Carcassonne - Avignon ou Limoux - Lézignan. Mais, ce n’est pas un hasard si c’est en été que les Dragons Catalans ont fait l’ouverture du magazine quotidien Tout Le Sport lors de leur mythique victoire en Coupe d’Angleterre le 25 août 2018. Pas sûr que c’eût été la même chose au mois de mai, une période où les finales de sport collectifs s’enchaînent à la vitesse de… De… De… De… A la vitesse de quelque chose qui irait très très vite !

…et problématiques

Le rugby à 13 français s’est déjà probablement posé cette question sans forcément franchir le rubicon. Mais il y aurait du sens à considérer cette option pour l’Élite 1, voire l’Élite 2. Cela n’est pas sans risques, notamment concernant l’organisation de la transition. Mais si les clubs réussissent le pari de conserver leur public habituel l’été, ils pourraient aussi tirer le parti de la présence des touristes estivaux, souvent nombreux sur les terres treizistes à cette période de l’année.

L’autre difficulté de cette transition est liée aux nombreux bénévoles qui œuvrent avec passion dans les différents clubs de l’élite. Cela paraît quand même compliqué de leur demander de contraindre une très grande partie de leurs vacances pour l’organisation des matches à domicile tous les quinze jours. A ce titre, je serais curieux de savoir comment s’organisent les clubs français de base-ball dont les compétitions se disputent également l’été.

Et si le “Nine” était une solution ?

Et si décaler la saison de rugby à 13 semblait impossible, pourquoi ne pas se tourner vers un circuit national de rugby à 9 avec plusieurs étapes ? Cela n’aurait que des avantages :

  • Monter en compétences sur cette pratique sur laquelle compte l’IRL 1 pour se développer.
  • Fournir un espace de jeu à des joueurs en manque de compétition ou qui ont des fourmis dans les jambes durant la longue pause estivale.
  • Mobiliser une fois maximum par été les ressources humaines d’un club, s’il organise l’un des tournois.
  • Faire découvrir aux estivants le rugby à 13 avec un moment festif.
  • Tenter de conquérir des nouveaux territoires via un évènement ponctuel.
  • Créer un produit pouvant être vendu tel quel aux TV.

Bien sûr, ce ne serait pas sans efforts, car installer cette compétition dans la durée, localement ou nationalement, resterait un gros morceau. Cependant, pouvoir commencer ce circuit modestement (1 ou 2 étapes) puis l’enrichir si possible au fil des ans, cela semble plus accessible que de monter un championnat de franchises à partir de zéro.

(Et bien évidemment, au moment où j’écris ces lignes, je découvre que la LNR 2 n’a pas fait autrement en programmant en août son tout nouveau circuit pro (ou presque) de rugby à 7)

Dans un prochain article, nous verrons pourquoi le rugby à 13 français a besoin de plus de grandes agglomérations au sein de son élite.

Crédit image : FFR 13 - Logo de marque déposée


  1. International Rugby League a.k.a. la fédération internationale de rugby à 13. ↩︎

  2. Ligue Nationale de Rugby (à quinze) ↩︎